L'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire) aura "besoin de temps" pour analyser l'impact de l'anomalie détectée au niveau de la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche) sur la sûreté du réacteur nucléaire, a souligné cet établissement public expert en matière de risques nucléaires.
"Nous avons besoin de temps. Nous ne ferons pas d'analyses au rabais", a déclaré vendredi à l'AFP Thierry Charles, directeur général adjoint de l'IRSN.
L'IRSN rendra un avis qui sera transmis à l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui tranchera sur le dossier.
L'ASN ne devrait pas "être en mesure" de se prononcer sur la sûreté de la cuve de l'EPR "avant l'automne", a indiqué pour sa part Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN, le gendarme du nucléaire.
"Il y a une anomalie. La question est d'évaluer quel est son impact sur la sûreté", a dit M. Collet.
Mardi, l'ASN a annoncé qu'une "anomalie" avait été détectée dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve de ce réacteur nucléaire de troisième génération en construction.
Dans certaines zones, les valeurs de résilience (capacité du matériau à absorber un choc) se sont avérées plus basses que ne le demande la réglementation sur les équipements sous pression nucléaire.
La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a demandé mardi au groupe Areva, le fabricant de la cuve, de "donner sans délai les suites qui s'imposent" au rapport de l'ASN sur cette anomalie.
Areva va faire de nouveaux essais sur une pièce équivalente à celle sur laquelle a été détectée l'anomalie.
Le groupe va également devoir refaire des calculs pour évaluer le comportement de la cuve dans diverses situations, compte tenu de ses caractéristiques réelles.
L'exploitant EDF transmettra alors le dossier à l'ASN, et l'IRSN sera chargé de donner son avis technique.
"Nous nous appuierons sur les études d'Areva mais nous ferons aussi nos propres calculs", précise M. Charles, chargé de la sûreté nucléaire à l'IRSN. "Nous pourrons prendre l'avis d'experts extérieurs, français ou étrangers si besoin".
"Nous utiliserons le maximum d'éléments pour conforter l'indépendance de notre position", a-t-il ajouté.
"On ne peut pas dire pour le moment que la cuve n'est pas bonne", a-t-il souligné, en réaction à la déclaration de l'organisation écologiste Greeenpeace selon laquelle l'anomalie risque de condamner l'EPR à ne pas démarrer.
Notre travail, "c'est de voir si (cette anomalie) est grave" pour la sûreté nucléaire.
Si jamais la cuve de l'EPR n'était pas conforme aux exigences de sûreté, "hormis les questions économiques (coûts, retards), il serait possible pour EDF de la changer et d'en refaire une car le réacteur est encore en construction", a dit M. Charles.
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