L'objectif pour la Guinée est d'arriver à "Ebola zéro" et en même temps relancer l'économie du pays, a affirmé le président guinéen Alpha Condé lors d'un entretien à l'AFP.
M. Condé va tenter à Washington, lors des assemblées semi-annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) de persuader la communauté internationale de lancer un "plan Marshall" pour les trois pays touchés par l'épidémie, à savoir la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 10.500 personnes ont succombé à la maladie depuis fin décembre 2013.
"Nous ne serons pas à l'objectif Ebola zéro à la mi-avril comme prévu car nous n'avons pas eu assez de laboratoires. Les laboratoires au Liberia pouvaient traiter 200 cas par jour et nous seulement 20 cas et pour les enterrements communautaires les gens n'aiment pas attendre trop longtemps. Avec les laboratoires rapides, en quinze minutes on peut avoir des résultats", souligne-t-il pour expliquer le retard dans l'éradication de la maladie.
"Pour l'instant, nous avons 21 cas confirmés et 18 suspects" en Guinée, a-t-il indiqué. "Mais avec le porte-à-porte à Forécariah nous allons avoir d'autres cas", prévient-il.
Il a décrété un état "d'urgence sanitaire renforcée" fin mars dans cinq départements où s'est déplacé l'épicentre de l'épidémie Ebola, à savoir les préfectures de Forécariah (sud-ouest), Coyah (ouest), Kindia (ouest), Dubréka (sud-ouest) et Boffa (ouest).
Mercredi, M. Condé a rencontré le président américain Barack Obama à la Maison Blanche accompagné de ses homologues libérienne Ellen Johnson Sirleaf et sierra-léonais Ernest Bai Koroma et ce dernier les a assuré du soutien américain pour éliminer le virus.
"C'est le président Obama qui en disant qu'Ebola était une menace a mobilisé la communauté internationale", estime-t-il. "Nous ne pensons pas qu'il y a démobilisation de la communauté internationale mais c'est important d'arriver à obtenir que les gens nous accompagnent pour le post-Ebola, pour le renforcement de nos systèmes sanitaires, pour l'éducation, pour l?agriculture, l'infrastructure et pour que l'économie se relance", a souligné M. Condé.
- "Ebola, c'est comme une guerre" -
Interrogé sur les conséquences des politiques de rigueur imposées par les institutions financières internationales aux pays en développement sur leur capacité à répondre à ce genre de catastrophe, M. Condé a admis que "la politique d'ajustement structurel n'a pas permis de développer les secteurs sanitaires et de l'éducation".
"Étant donné les conséquences, car Ebola c'est comme une guerre que nous avons subie, nous souhaitons l'annulation de la dette et un soutien, un plan Marshall, pour nous permettre de relancer nos activités économiques", a-t-il déclaré.
Sur l'annulation de la dette, "on ne sait pas ce que cela va donner mais c'est une bataille. Cela dépend aussi beaucoup des bilatéraux. Le Fonds monétaire n'a pas beaucoup de possibilité d'annulation de la dette mais tout dépend de la mobilisation des grandes puissances, des grands bailleurs de fonds. C'est maintenant que nous allons commencer".
La Guinée vient de connaître des manifestations violentes opposant forces de l'ordre aux manifestants de l'opposition qui protestent notamment contre la décision de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de repousser les élections locales à mars 2016, soit après la présidentielle fixée à octobre 2015.
"Il est de mon rôle de chef de l'Etat de faire en sorte qu'il n'y ait pas de crise en Guinée et d'arriver à organiser malgré toutes les difficultés des élections libres et transparentes", a déclaré M. Condé à l'AFP.
"Je fais de mon mieux pour que les gens dialoguent et qu'on se préoccupe de mettre fin à la maladie et qu'on ait des élections transparentes mais ce n'est pas facile après 50 années de dictature et d'anarchie", affirme celui qui a été élu président en 2010 lors des premières élections démocratiques organisées dans le pays depuis l'indépendance obtenue de la France en 1958.
"Et au moment où notre économie allait bien repartir, c'est à ce moment que l'Ebola est venu tout mettre par terre. Et comme une grande partie de la population est analphabète, elle ne comprend pas toujours les conséquences de l'Ebola sur la vie économique et sociale", déplore le président guinéen.
La Source: AFP
Envoyer Vos Commentaires
Commentaire comme invité