Angelin Preljocaj, un des chorégraphes français les plus connus dans le monde, fête cette année les 30 ans de sa compagnie, tout en préparant avec l'écrivain Laurent Mauvignier et le plasticien Adel Abdessemed une création pour la Cour d'honneur du Festival d'Avignon, "Retour à Berratham".
Tous trois ont présenté lundi à Paris le projet à la presse, ainsi que le programme anniversaire des 30 ans de la compagnie au Pavillon Noir d'Aix-en-Provence, où Angelin Preljocaj dirige le centre chorégraphique national depuis 2006.
"Retour à Berratham", une des pièces phares du prochain festival d'Avignon, sera donnée par 14 interprètes (3 comédiens et 11 danseurs) du 17 au 25 juillet dans la Cour d'honneur du Palais des Papes.
"C'est la première fois que j'écris pour quelqu'un", a expliqué lundi Laurent Mauvignier. S'il s'est prêté à cet exercice, c'est pour "prolonger" la complicité née avec l'adaptation par Angelin Preljocaj en 2012 de son texte "Ce que j'appelle oubli" (2011), récit en une seule phrase de 60 pages inspiré d'un fait divers: le tabassage à mort d'un SDF à Lyon par des vigiles en 2009.
Dans "Retour à Berratham" (publié début juin aux Editions de Minuit) Mauvignier aborde le retour d'un homme après la guerre sur son lieu de naissance, à la recherche de son amour de jeunesse. Il s'agit de raconter "l'après-guerre", explique-t-il. "C'est l'onde vibratoire de la guerre qui perdure dans les corps", juge le chorégraphe.
"Retour à Berratham" est une "tragédie épique contemporaine" pour Angelin Preljocaj. Un "choeur des morts" raconte l'histoire, et des personnages, acteurs ou danseurs, surgissent pour s'emparer du texte", décrit Laurent Mauvignier.
Le lieu, Berratham, est imaginaire, "même si on pense à Bethléem ou Beyrouth", convient Laurent Mauvignier.
Adel Abdessemed a souhaité "habiter" la Cour d'honneur avec quatre éléments, une grande étoile de fil de fer, une voiture, un grillage évocateur "d'Auschwitz comme de Guantanamo", et une poubelle.
"Il y a une dimension autobiographique pour Angelin, a-t-il souligné, rappelant que ce dernier était "arrivé en France dans le ventre de sa mère qui fuyait la guerre".
Né dans une famille albanaise d'ex-Yougoslavie réfugiée politique en France, Angelin Preljocaj, 58 ans, a fait des études de danse classique avant de s'orienter vers la danse contemporaine. Ses ballets contemporains ne s'éloignent jamais totalement du langage classique.
Il crée sa compagnie en 1985 et a chorégraphié depuis 48 pièces, dont "Le Parc" pour le ballet de l'Opéra de Paris en 1994.
L'anniversaire de la compagnie est l'occasion de reprendre des pièces d'anthologie, comme "La Stravaganza" et "Spectral Evidence", créées pour le New York City Ballet, ou "Roméo et Juliette" (1990).
La Source: AFP
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