Le groupe britannique Blur, porte-drapeau de la Britpop des années 90 avec son meilleur ennemi Oasis, reprend son inventive exploration de la pop avec un nouvel album que les fans n'osaient plus espérer, douze ans après le dernier.
Pendant que l'ex-Oasis Noel Gallagher, avec son deuxième album solo paru en mars, reste dans les clous d'un rock britannique assez classique, Damon Albarn et ses camarades de Blur continuent d'élargir les horizons avec un album "urbain" où rock et électro se mêlent pour raconter le XXIe siècle.
Depuis la mise en pause de Blur, en 2003, après un septième album "Think Tank" finalisé sans son guitariste Graham Coxon, en froid avec les autres membres et parti poursuivre sa carrière en solo, le groupe faisait souffler le chaud et le froid sur son avenir.
Les voyants semblaient au vert depuis la réconciliation de ses membres et leur retour sur scène depuis 2009, notamment à l'occasion des jeux Olympiques de Londres en 2012. Restait toutefois un obstacle de taille: que Damon Albarn trouve un peu de temps pour son groupe historique parmi tous ses autres projets: son autre formation Gorillaz, ses productions pour d'autres et un premier album en solo en 2014.
Il aura donc finalement du attendre douze ans pour que le groupe né en 1989, devenu le grand rival d'Oasis avec ses succès "Country House", "Song 2" et "Girls & Boys", écrive le huitième chapitre de son histoire discographique: "The Magic Whip" ("Le fouet magique"), dont l'annonce en février avait ravi des légions de fans, débarque lundi.
Ces douze nouvelles chansons sont nées lors de sessions de travail impromptues en mai 2013 à Hong Kong, où le quatuor s'est retrouvé avec quelques jours à tuer après l'annulation d'un concert.
- Sur scène en juin -
Une fois la tournée terminée, les enregistrements ont toutefois été laissés en sommeil avant que Coxon décide de s'y replonger à l'automne dernier, avec le producteur historique du groupe Stephen Street, celui des cinq premiers albums de Blur, entre 1991 et 1997. Les morceaux sont mis en forme, Damon Albarn revient y poser sa voix, Blur peut renaître.
Mettre fin au groupe aurait été "de la folie", a récemment indiqué le chanteur au magazine britannique Mojo. "En vieillissant, tu réalises que nous étions trop jeunes et trop bêtes pour comprendre ou évaluer ce que nous avions et à quel point nous étions chanceux", a-t-il estimé.
L'album des retrouvailles, arborant sur sa pochette un cône de glace lumineux, reste fidèle aux schémas pop-rock à base de guitares qui ont fait le succès du groupe mais rappelle aussi son incessant goût pour l'expérimentation, avec ces guitares grinçantes et bricolages synthétiques.
Les ritournelles plus évidentes ("Ong Ong", "Ice Cream Man") y côtoient des ambiances plus atmosphériques ("Pyongyang", "New World Towers") ou futuristes ("Thought I Was A Spaceman"). Y planent l'influence urbaine et asiatique de Hong Kong, berceau du disque, mais également celle d'un David Bowie.
Ce come back inspirera-t-il Oasis, qui a explosé en vol en 2009 suite à une énième dispute entre les deux frères Gallagher quelques minutes avant de monter sur la scène de Rock en Seine? Le quotidien britannique The Daily Mirror a entretenu le feuilleton cette semaine sur internet en affirmant que les deux frères étaient de nouveau en bons termes.
En attendant de revoir les rivaux éventuellement se croiser de nouveau, Blur va pour sa part étrenner son nouveau disque sur scène dès juin, avec des concerts annoncés au festival de l'île de Wight (13), au Zénith de Paris (15, complet), puis à Hyde Park à Londres (20).
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