"Les constellations de satellites en orbite basse sont le sujet chaud du moment, il va y avoir une nouvelle ruée vers l'or", a déclaré à l'AFP le PDG d'Arianespace Stéphane Israël qui ne veut pas laisser passer ces nouvelles possibilités générées par l'expansion d'internet, sur lesquelles lorgne le concurrent américain SpaceX.
"Le projet qui a fait des avancées notables dans ce domaine est OneWeb, de Greg Wyler, qui a le soutien de Richard Branson (Virgin) et de Qualcomm (concepteur américain de puces électroniques)", a précisé M. Israël lors d'un entretien à Tokyo.
"On connaît et suit ce projet dont nous avons eu connaissance très en amont car le fondateur de OneWeb a été celui d'une autre constellation de satellites 03B, déployée par Arianespace, et pour laquelle il y aura peut-être d'autres lancements".
OneWeb, jeune société précédemment baptisée WorldVu, envisage de placer dans l'espace proche autour de la Terre pas moins de 648 satellites pour couvrir l'intégralité de la planète et offrir une connectivité permanente à la toile avec des capacités nouvelles.
"Cela veut dire plusieurs dizaines de satellites par tir et un calendrier d'une dizaine de tirs par an", estime M. Israël.
L'horizon temporel de OneWeb première génération étant aux environs de 2020, "il faudra cependant avoir des capacités de lancement et de production de grande cadence. Mais il n'existe sur ce plan pas d'obtacle technique". La preuve, "Arianespace a fait une offre", a annoncé le PDG à l'AFP.
OneWeb a pour sa part indiqué en mars son intention de sélectionner prochainement un opérateur de lancement, après avoir fait le choix des satellites parmi les propositions vraisemblablement formulées par Airbus Defense & Space, OHB, Lockheed Martin, Thales Alenia Space, etc.
Il s'agira d'objets de 125 kilogrammes pièce, placés à 1.200 km d'altitude et offrant chacun un débit de 8 Gigabits par seconde.
"Nous sommes en discussions pour prendre part à ce projet qui est solide et nous serons au rendez-vous si nous sommes retenus", a dit jeudi M. Israël.
Toutefois, "nous n'envisageons pas un investissement. Peut-être que OneWeb recherche des partenaires financiers du côté des fabricants de satellites, mais pas du côté du lanceur".
- Face à SpaceX qui vise Mars -
"Le fait d'avoir trois lanceurs (Ariane, Vega, Soyuz) et trois pas de tir en Guyane, ainsi que des possibilités de lancement depuis Baïkonour, nous permet de répondre à ce qui est une priorité pour OneWeb, aller le plus vite possible en orbite. Car c'est celui qui arrivera le premier qui aura un avantage concurrentiel très fort".
OneWeb a racheté les droits de Teledesic, un programme de constellation qui n'a pas prospéré, et a donc une obligation d'occuper vite l'espace qui lui a été alloué.
Ce n'est pas le seul sur ce créneau qui était "la star du salon Satellite 2015 le mois dernier à Washington", selon M. Israël.
L'opérateur SpaceX nourrit ses propres ambitions dans le domaine et non des moindres. La jeune entreprise voudrait déployer un réseau de 4.000 satellites autour de la Panète bleue.
Réaction de M. Israël: "même s'il a le soutien de Google et s'il ne faut jamais ni sous-estimer, ni surestimer ses concurrents, le projet de SpaceX dans ce domaine est en l'état difficile à comprendre". "Il semble qu'il veuille se positionner aussi en constructeur des satellites et en opérateur, ce qui risque d'en faire un concurrent de ses clients et de compliquer ses affaires".
Et de prévenir: dans l'hypothèse où Arianespace rejoindrait un projet de constellation, la firme restera à sa place, celle de prestatataire de lancement. "Je peux vous garantir qu'Arianespace ne sera jamais concurrent de ses clients, car à la fin des fins, pour un client, il est mieux de choisir comme prestataire un partenaire plutôt qu'un rival. Nous n'avons pas non plus, contrairement à SpaceX, la volonté d'aller sur Mars".
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