Massifs, violents, dégradants et souvent occultés, le harcèlement et les violences sexuelles dans les transports en commun doivent être reconnus et combattus par tous, usagers, opérateurs, collectivités, préconise le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh).
Chiffre éloquent, 100% des utilisatrices de transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle, rappelle le HCEfh.
La présidente du HCEfh, Danielle Bousquet, remet jeudi à la secrétaire d'Etat chargée des Droits des femmes Pascale Boistard un rapport en ce sens, destiné à lutter contre les violences sexistes.
"Les femmes doivent pouvoir circuler et occuper l'espace public sans être mises en danger ou menacées de l'être. C'est une liberté fondamentale. Il faut sensibiliser le public et travailler à la +République du respect+", a déclaré à l'AFP Pascale Boistard.
"Les femmes n'ont pas à subir des insultes, des attouchements ou pires. Ce sont des comportements inacceptables", ajoute la secrétaire d'Etat, jugeant "très bon le rapport du HCEfh qui apporte des réponses concrètes et prend en compte toutes les entités qui gèrent l'espace public".
Le Haut conseil propose un grand plan national d'action: "Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne". Il repose sur trois orientations et quinze recommandations en direction des pouvoirs publics, conseils généraux et communes, des opérateurs de transports, mais aussi du grand public: femmes victimes de harcèlement, témoins et... agresseurs.
Largement sous-estimées et "invisibles", ces agressions verbales ou physiques qui touchent particulièrement les filles et les jeunes femmes doivent être reconnues comme des "manifestations du sexisme qui affectent le droit à la sécurité et limitent l'occupation de l'espace public par les femmes et leurs déplacements", insiste le rapport.
- Commentaires sur le physique, injures -
Face à ce fléau, le Haut conseil recommande notamment d'adapter et de mieux faire connaître les numéros d'alerte comme celui de la SNCF (3117) ou les bornes d'urgence sur les quais, en mentionnant explicitement "les violences" comme motif de recours.
Le "3117" pourrait être généralisé à l'ensemble des réseaux de transports, avec la possibilité d'envoyer des sms ou de télécharger des applications, préconise le rapport. Ce numéro pourrait aussi être inscrit sur tous les titres de transport.
Le HCEfh recommande aussi de former les professionnels concernés afin qu'ils sachent mieux réagir aux situations de harcèlement et orienter les victimes.
Il préconise encore de mieux organiser les transports par bus (arrêts à la demande à proximité de la destination finale, amplitude horaire...), comme cela a été expérimenté au Canada, afin de sécuriser les personnes seules la nuit.
Deux-tiers des usagers des transports publics sont des voyageuses et deux-tiers des victimes d'injures et insultes sont des femmes, tout comme l'écrasante majorité des victimes de violences sexuelles.
Le harcèlement sexiste, qui se différencie de la simple "drague" ou de la flatterie, peut prendre des formes diverses, comme des sifflements, des commentaires sur le physique, non punis par la loi, ou des injures, punies par la loi. La législation elle-même doit être mieux connue.
Ces violences sexistes et sexuelles faites aux femmes ont lieu principalement dans les bus et les bus scolaires sur l'ensemble du territoire. Les violences à l'encontre des hommes ont plutôt lieu dans les trains.
Six femmes sur dix craignent une agression ou un vol dans les transports franciliens contre trois hommes sur dix.
Parallèlement à cet avis du HCEfh, un groupe de travail sur les violences faites aux femmes dans les transports en commun, en partenariat notamment avec la SNCF et la RATP, devrait rendre ses conclusions en juin, selon Pascale Boistard. La campagne recommandée par le Haut conseil pourrait débuter à la rentrée.
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