Au restaurant du marché-gare de Carpentras, à l'heure du déjeuner, les sympathisants du FN sont unanimes : les récents propos de Jean-Marie Le Pen portent préjudice au parti et la députée frontiste du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen devrait conduire à sa place la liste des régionales en Paca.
Au bout d'un long comptoir qui traverse la vaste salle du restaurant routiers dans la zone industrielle de Carpentras, Dominique, Thierry et Maxime, trois sympathisants du FN, éreintent le fondateur du parti qui "va trop loin".
Jean-Marie Le Pen s'est attiré les foudres des dirigeants frontistes pour avoir répété ses propos sur les chambres à gaz, "détail" de l'histoire, et défendu notamment le maréchal Pétain dans un entretien fleuve à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol.
"S?il exprime des idées aussi extrêmes, ça va ranimer cette espèce de folie furieuse que tous les FN sont des extrémistes. Il ruine l'image du parti", déplore Thierry, 47 ans, responsable logistique, accoudé devant un pastis.
Selon Maxime, un gérant de dépôt de 23 ans, "les gens pensent qu'il est trop radical. C'est pour ça qu'ils votent pour lui au premier tour et ensuite reviennent en arrière pour ne pas passer pour des fachos".
Jean-Denis, un habitué des lieux, ne se reconnaît pas non plus dans les propos de Jean-Marie Le Pen et aimerait que sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen conduise pour l?extrême droite la liste des régionales en Paca en décembre. "Elle incarne bien l?état actuel de la politique du FN, c?est ce que moi je recherche", dit-il.
Marine Le Pen, la patronne du FN, a annoncé mercredi qu'elle s'opposerait à une candidature de son père aux régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur et ouvert la porte à des sanctions.
Pourtant, si la candidature du patriarche était maintenue, Jean-Denis voterait pour lui quand même. "Ça m'embêterait un peu, mais je vote pour les idées du FN", reconnaît-il.
La benjamine des Le Pen remporte aussi l'adhésion de Stéphane, un charpentier de 36 ans, parce qu'elle est "jeune, calme, posée. Elle sait ce qu'elle dit", juge-t-il.
- "Le grand-père qui dit n'importe quoi" -
Sur les sanctions dont peut être l'objet celui qui a co-fondé le parti dans les années 70, les avis divergent parmi les habitués du restaurant routiers où Marion Maréchal-Le Pen a fêté son élection en 2012 et l'entrée au conseil départemental de trois binômes frontistes le 29 mars dernier.
"Il faut l?exclure, ils excluent des militants pour des failles plus petites. Là c'est grave, et il met en péril le parti", estime Thierry.
"Il faudrait se débarrasser des vieux démons, à savoir le grand-père qui dit n'importe quoi. Il est sénile, on ne peut pas faire confiance à quelqu'un qui radote sur le passé", lâche un quinquagénaire qui souhaite rester anonyme.
Stéphane tempère : "C'est lui quand même qui a créé le FN, c'est mieux qu'il prenne sa retraite".
D'autres comme lui estiment que l?exclusion du cofondateur du parti devrait être évitée en raison de son engagement depuis 1972.
"La sagesse voudrait que ce soit lui qui s'en aille", estime Frédéric Durand, le gérant du restaurant qui sert chaque midi environ quatre-vingts couverts.
"Exclu ! On ne l'envisage pas du tout, affirme de son côté Rémi Rayé, attaché parlementaire de Marion Maréchal-Le Pen et conseiller départemental. Il y a beaucoup de respect pour lui, une grande reconnaissance pour son oeuvre, son combat national."
"Chez les historiques, il y en a beaucoup qui prennent sa défense et qui sont choqués par le comportement de certains cadres nationaux dans les médias et leur prise de position par rapport au fondateur du FN", dit-il encore.
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